2014 - Pétronille

samedi 20 septembre 2014
par  Sylvain
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L’ivresse est quelque chose de si sérieux qu’il ne convient pas de s’y aventurer seule. Surtout celle due au champagne, aussi légère et fruitée que le nectar lui-même.

Aussi, depuis longtemps, je cherche un(e) compagne(on) de beuverie. Un ou une convigne.

Lorsque je l’ai rencontrée, je l’ai prise pour un garçon de 15 ans. Et puis nous avons partagé quelques coupes, et je su que c’était elle. Car elle écrivait, disposait d’une bonne descente, d’une réelle compréhension du champagne, et d’un tempérament de flamme encore attisé par les bulles.

Nous bûmes avec plaisir, avec délicatesse, avec vigueur, et dans toutes les situations, parfois cocasses, parfois pour oublier ou pour fêter un événement anodin sublimé la splendeur d’un Grand-Cru.

Mais Pétronille était d’un naturel fantasque, il arrivait que nous ne nous vissions pas pendant de longues périodes, les retrouvailles étant dès lors sujet à libations. Et puis Pétronille décida de mettre de l’air entre sa vie actuelle et elle. Une période de vie d’un an dans le Sahara.

A son retour, elle avait changé, plus ténébreuse. J’appris qu’elle complétais ses droits d’auteur en participant à des programmes d’essais de médicaments pour des laboratoire. De là, elle passa à un spectacle de roulette russe. Malgré tout ce que je tentais, je la perdais, et cela me faisait mourir.


Commentaires

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dimanche 21 septembre 2014 à 11h59 - par  Sylvain

j’ai trouvé dans cet opus trois parties très dissemblables.

Le début (environ un tiers de l’opus) est une ode à l’ivresse, au champagne et à la bonne compagnie. C’est magnifique. C’est le meilleure de Mme Nothomb, qui n’est jamais aussi sublime que quand elle parle d’elle et de ses émotions (le chocolat, l’attirance....). Tout y est, de la forme au vocabulaire, c’est un enchantement, un feu d’artifice de lecture qui se boit sans compter, dont la dégustation amène finalement une ivresse proche de celle du champagne.

Puis il y a le reste, sauf les deux dernières pages. Histoire de la relation à Pétronille, de la vie en dehors de l’ivresse, de la vie de tout les jours. Certes, c’est bien écrit, mais il n’y a pas de brillant dans cette partie. Un peu comme si les moments communs de la vie ne méritaient pas, finalement, d’être contés. Ou alors, ne méritaient qu’une histoire en mode mineur.

Et puis il y a les deux dernières pages : là, je n’ai pas compris. Cette mort au bout du chemin est bien évidemment symbolique, et si on compte les tirs de Pétronille, c’est elle qui doit être morte environ 30 pages avant la fin : il est donc impossible que Pétronille tue Amélie "en vrai". Est-ce une facilité d’écriture, pour finaliser un roman dont le principal est achevé (une histoire d’amour entre du champagne et deux femmes, ou peut être l’inverse). Ou est-ce la façon de représenter le départ définitif de Pétronille ?

Juste une idée : vous lisez, et vous me dites.

NB : si quelqu’un qui connaît Mme Nothomb lit ceci, merci de lui poser la question.