Dans les coulisses du Musée

jeudi 10 mars 2011
par  jackie
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Il s’agit d’une chronique familiale anglaise, sur trois générations, d’une famille de condition modeste. On traverse le siècle, les époques, depuis l’arrière grand-mère, Alice, jusqu’à Ruby et sa soeur Patricia.

Le livre commence avec la naissance de Ruby, en 1951, et l’accompagne jusqu’à l’âge adulte. C’est à la fois le personnage principal et la narratrice. A chaque chapitre, est adjoint une annexe qui raconte un épisode, une histoire du passé. Ces flash-back éclairent les mystères du présent. Les destins des uns et des autres se mêlent, se recoupent : les frères, les soeurs, les tontons, les nièces, les cousines, les amants, les amis. On n’échappe pas aux personnages-clichés de la famille anglaise. La belle-(arrière-grand)mère, Rachel, acariâtre, le tonton Ted, qui aime bien les petites filles, l’arrière-grand-père Frederick alcoolique, le père, Georges, incorrigible coureur de jupons - qui meurt en pleine action, les cousines jumelles pestes, le cousin Adrian, coiffeur et homosexuel, la tante Eliza, les mains toujours occupées par une cigarette et un verre, les arrières-grand-oncle morts à la guerre, et ceux moins glorieux qui se sont défilés, les adolescentes suicidaires, et/ou enceintes, les enfants abandonnés à la naissance, les enfants illegitimes et bien sûr la mère de la narratrice, Bunty, qui vit sa condition de mère, de femme au foyer et de femme trompée comme un calvaire.

A travers cette grande fresque, on retrouve l’évolution de la société anglaise, des modes d’éducation des enfants, des modes de vie, de la condition de la femme. Femmes qui ne se réalisent qu’au travers du mariage, de l’éducation des enfants, et des tâches ménagères, et restent prisonnières des conventions sociales. Situations qu’elles vivent mal, pour la plupart. Leur point commun semble être leur inaptitude totale au bonheur, au bonheur pour elle, mais aussi pour leurs enfants (qu’elles rendent inconsciemment responsable de leur situation) : l’anecdote de Nell, la grand-mère, qui empêche ses enfants de partir en excursion (évènement rare et joyeux dans la vie d’un enfant à l’époque) car elle n’a pas eu le temps de leur confectionner des scones - et - que dirait-on alors ! Finalement le seul moyen d’y echapper semble être de fuire. En tout cas seules celles qui le font, parviennent (pas toutes) à être heureuses.


Commentaires

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dimanche 13 mars 2011 à 21h45 - par  jackie

Raconté comme ça, on peut avoir une certaine réticence à le lire. Et c’est vrai que j’ai eu un peu de mal pendant les 150 premières pages. Je me suis dit non, c’est pas possible qu’ils soient vraiment comme ça, les anglais, comme on les imagine : les sourires de façade, la perfidie, le poids du conformisme, et surtout leur attitude vis-à-vis de leurs enfants, tellement froide et distante. J’ai connu une dame en Angleterre, qui s’était remariée avec un monsieur très riche et elle en profitait bien – elle avait atteint son rêve – passer son temps dans de beaux hotels, portant de belles robes ou des chapeaux excentriques ; alors qu’elle avait une fille, adolescente, très mal en point, qui se droguait. Elle disait « le meilleur moment d’une mère c’est d’être enceinte ». Elle est comme Bunty, la mère de Ruby, il y a plein de Bunty en Angleterre. Donc c’est plus le sujet qui m’a rebutée.

Sinon, c’est formidablement bien raconté, son style est drôle, spirituel, coulant. Le récit est très bien construit avec ces allers-retours vers le passé, comme les pièces d’une puzzle qui se construit patiemment. Et on a ensemble très cohérent, avec le début et la fin d’un cycle ; depuis l’arrière-grand-mère, Alice, qui avait tenté de se sortir de sa situation de femme pauvre, asservie par son rôle d’épouse (d’un alcoolique), de mère de famille nombreuse, de ménagère, jusqu’à Ruby qui, après un mariage raté, part vivre, heureuse, aux îles shetland. Et le lourd secret de famille qui se dénoue. J’en retiens l’histoire de l’évolution de la condition féminine, mais aussi celle de l’évolution des modes d’éducation des enfants. En revanche, là où il faut s’accrocher, c’est la multiplicité des personnages. Un conseil, faites-vous un arbre généalogique, à garder à porté de main, à défaut, reportez-vous à la page 24 qui vous sera d’un très grand secours.

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vendredi 11 mars 2011 à 21h43 - par  Sylvain

Salut, Jackie.

Je me souviens d’avoir lu ce livre, et que cela avait été un grand plaisir, comme toujours avec Mme Atkinson.

Et toi, qu’en as tu pensé ?