30 jours de la vie d’une femme. 30 jours sans arrêt, sans relâchement, tiraillée entre un fils qui peine à s’assumer, un ex-mari qui reste gentil, mais tellement impuissant dans le cadre de son travail, un amant qui ne comprends pas que ce qui fait l’intérêt d’une liaison, c’est le piment et non la routine, des relations professionnelles fatigantes, un boulot éreintant, et un voisin sexuellement intéressant, mais qui ne bande que dans la violence.
Avec comme seul point de stabilité une amie, rencontrée à la maternité lors de l’accouchement, elle venant de perdre son enfant. Anna, suffisamment forte, dès cette épreuve, pour créer une entreprise et se lancer à corps perdu dans un challenge professionnel.
Vu comme cela, ça peut paraître anodin. Mais c’est dense. Réaliste.
Et ce qui est terrible, c’est l’inversion des valeurs à laquelle mène cette vie frénétique. Un viol ? OK, pas le temps. Finalement, c’est le voisin, et il m’attire, bien qu’il ait besoin de violence pour bander ? On baise, on n’en parle à personne, et le pire advient. On veut un enfant, on épouse une femme enceinte.
Une inversion qui ne choque même pas, tellement elle est plus que plausible. On l’a tous vécue, rencontrée dans notre vie de tous les jours, chez nous, chez des amis. Une absence de rapports humains stables, des vies qu’il faut vivre à toute vitesse, sans recul, pour ne pas exploser, tout simplement.
Finalement, pour l’héroïne, la seule échappatoire à cette terrible évolution de sa vie est la relation avec son amie Anna, qui perdure bien qu’elle ait pris de nombreuses années le mari de celle-ci comme amant. In fine, les hommes ne sont rien, la femme, et les relations entre femmes, sont l’avenir de l’humanité.
Ce qui est amusant, c’est aussi l’accumulation de livres sur des thèmes un peu similaires que je viens de finir.
Madame Angot, dans "L’inceste", nous parle aussi des dérèglements des rapports humains. Mais à la différence de cet opus ou finalement, le calme règne et la société entière s’accommode de ces dysfonctionnement, Madame Angot met l’accent avec talent sur la douleur qui est occasionnée, et l’apport d’une relation homosexuelle (entre femmes), même si celle-ci est difficile à accepter.
Par ailleurs, Madame Nothomb, dans "Tuer le père" nous narre avec simplicité comment vivre son oedipe, dans une société ou on ne sait plus bien qui est le père.
3 auteurs majeurs francophones qui illustrent en même temps un sujet similaire, le dérèglement de nos rapports sociaux, c’est beaucoup, pour une seule société. Le pire est qu’ils ont raison, car c’est leur métier d’artiste de faire ressortir nos déraisons.
Et c’est le notre, lecteurs, de les prendre en compte pour les corriger. Oh.... ça fait du travail.
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