Bye bye Blondie

mardi 22 février 2011
par  Sylvain
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Un peu avant 15 ans, Stéphanie a traversé une crise d’adolescence assez poussée. Alors elle s’appelle Gloria, s’oppose à tout, tout le temps. Le père, ça ne lui plait pas, dès fois, elle dérouille.

Elle pète les plombs, aussi, fugue, baise, essaye des trucs. Elle devient aussi agressive que le père. Aussi, la seule solution, c’est un séjour en HP. Pour la remettre, du rien, en attendant que ça revienne. Ça ne revient pas. Mais c’est là qu’elle rencontre Éric, jeune bourge qui a lui aussi un peu largué les amarres avec les exigences familiales. Amour fou. Éric sort. Elle non. Mais il l’attends, elle sort aussi, et c’est le bonheur. Ensemble, loin des autres, tous ceux qui auraient voulu les séparer.

Après un contrôle de police, Éric est emmené. Et il ne revient pas. Gloria le cherche, désespère. Il a été rendu à sa famille, s’est ré-intégré dans le monde bourge. Gloria ne s’en remet pas. Elle traine, de mec en mec. Vivante, critique, mais limite pocharde.

20 ans plus tard, ils se rencontrent. Éric est riche, présentateur télé. Mais il lui avoue qu’il a besoin d’elle, pour rester connecté au monde réel. Lentement, l’Amour revient. Le vrai, celui qui pénètre autant l’âme que le cul. Celui qui envoie en l’air. Gloria peine à s’habituer à sa nouvelle vie. A être du bon côté du manche, chez les blindés de thunes. Une bourge.

Mais c’est la conditions pour garder Éric. Et pour se sentir devenir quelqu’un. Alors, pourquoi pas ?


Commentaires

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mardi 22 février 2011 à 22h37 - par  Sylvain

OK, l’histoire, au premier degré, est simpliste. Une histoire d’amour de jeunesse qui foire, et la vie n’a plus de sens. Chez les pauvres, si on rate, c’est définitif. Mais il peut y avoir un deuxième tour, et c’est le pied. Gentil, presque au point de surprendre sous la plume de madame Despentes.

Quand même, l’écriture est toujours aussi juteuse, crue et ciselée, avec des phrases inoubliables comme : "Pour Gloria, ça ne faisait pas partie de sa cosmogonie. un peu comme de se faire enculer par des inconnus, les yeux bandés, et découvrir qu’on aime ça. Personne n’aime savoir ça sur lui.". Et plein d’autres, c’est une démesure de langage imprégné d’odeurs, de goûts, parfois limites, mais tellement expressifs. Avec des prises de position contre les "riches" qui font souvent mouche.

Et puis, ensuite, l’histoire revient. Avec des plus et des moins.

Car ce que Mme Despentes décrit, c’est d’abord la difficulté à se construire sans références. Dans une famille atone et inculte, dans laquelle le père travaille pour mieux fuir son quotidien, il y a peu pour s’évader. Aussi, l’évasion est violente, forte. Et la découverte d’une autre intelligence, d’une autre sensibilité qui s’assume pourrait être le moyen de s’en sortir. Ou, comme c’est le cas, de replonger définitivement, devant l’ampleur de ce qu’on a perdu.

Et ce qui est encore plus intéressant, c’est la fin du livre. Gloria, une fois intégrée, se trouve en situation de produire un scénario. Cette presque réussite l’épouvante. Au point de l’amener à casser sa relation à Éric. Jusqu’à ce qu’elle assume le fait d’avoir réussi quelque chose (elle traverse Paris à pied, et passe devant toutes les affiches du film avec son nom à elle après le mot "scénario"). Qu’elle se constate utile, pertinente. La violence envers les autres devient alors inutile, car l’autre peut enfin voir en elle son égal, sans qu’elle ait à attaquer ou se défendre. Mme Despentes se pose ici en chantre de l’intelligence, de l’échange, de la création, et explique la violence par une impossibilité à utiliser toutes ces potentialités quand on nait ou évolue dans un environnement défavorisé.

C’est probablement parfois vrai. Peut être même souvent. Mais quand même, malheureusement, pas tout le temps. Cela étant, c’est un livre à lire, ça prends pas bien longtemps, et c’est bien agréable.

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