A suspicious river

mardi 10 août 2010
par  Sylvain
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Leila, 24 ans, est réceptionniste au motel des cygnes, dans la ville de Suspicious River. Depuis quelques temps, elle se vends, en même temps que les chambres. 60 dollars, une pipe. Pas vraiment pour l’argent, dont elle ne sait en fait pas que faire, ni pour le plaisir. Ni même par ennui.

Leila est mariée à Rick, parce que celui-ci l’a mise enceinte, elle avait alors 17 ans, et que l’avortement s’est mal passé. Leila est maintenant stérile. Sa mère était déjà morte depuis 10 ans, à cette époque, et c’est son père qui l’avait accompagnée à la clinique. Pas l’oncle, qui avait disparu lorsque Leila avait découvert sa mère, la gorge tranchée dans le lit.

Gary était le seul client qui avait réussi à attirer l’attention de Leila. Peut être parce qu’il l’avait frappée, en la baisant. Puis parce qu’il cherchait à s’occuper un peu d’elle, lui donnant comme de l’importance, à elle. Pas comme sa mère, dont l’oncle s’occupait de façon si voyante, dès que le père avait tourné les yeux. Ni comme tous ces garçons et ces hommes qu’elle avait connus, juste attirés par son corps, et surtout ses orifices. Ni comme ces femmes, qui s’étaient occupées d’elle pour pouvoir reluquer la chambre "ou c’était arrivé", et plaindre cette enfant, fille de la pécheresse. Ni comme son mari, qui finit par la quitter, juste car il décide enfin de faire ce dont il a envie.

Aussi, quoi que lui demande Gary, Leila accepte. Un homme, puis deux, puis beaucoup. Des coups, parfois. Sans haine, sans joie, sans envie. Pour exister, être comme Elle, la mère, désirée par les hommes. Mais les coups s’enchainent, et Leila cherche à disparaître définitivement, à mourir. Un instinct de vie lui permet de se rebeller à la fin, pour revenir à son motel, y trouver...


Commentaires

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mardi 17 août 2010 à 22h17 - par  Sylvain

Au pays du rêve américain, de "yes we can", l’histoire triste de Leila est une antithèse de ce qui fait l’esprit américain.

Leila est façonnée par ce que fût sa mère, prostituée de luxe, et par les relations avec les adultes qui l’ont entourée, tous attirés par un instinct sordide de voyeurisme.

Leila est totalement broyée par cet entourage, attiré/repoussé par l’histoire de cette mère de 24 ans assassinée par son amant, le frère de son mari, lui même jaloux de ses clients.

En contrepoint de Leila, il y a Dick, le mari, qui essaye de se tenir à son rôle social, et qui ne trouve comme seule solution que de maigrir, essayant par ce moyen de disparaitre, de se fondre dans le néant.

Ce couple ne peut rien, ne s’apporte rien, et Leila se prostitue pour essayer d’exister, juste pour être regardée par quelqu’un. Recevoir des coûts comme lien social.

Bien sûr, il y a tout de suite des profiteurs pour utiliser Leila, sans aucune retenue.

Bien qu’au premier abord la fin semble optimiste, en fait, elle n’est pas écrite. Molly, celle dans les bras de qui Leila se précipite, après un sursaut d’envie de vivre, reste ambigüe, suffisamment amorale pour sacrifier son ancienne amie...

Là réside, pour l’auteur, le réel rêve américain, finalement.

C’est un peu long, mais c’est à lire.

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